Les voies “les moins fréquentées” sont sur un même bateau
Paranormal, OVNI, réincarnation, transmission de pensée, naturopathes, sont assimilés comme des formes de “croyances en une forme d’occultisme”.
Pourquoi ?
(Jusqu’où s’arrêtera-t-on ?)
Le traitement médiatique des voies “les moins fréquentées”
Ce traitement procède par statistiques, approximations, amalgames :
59% des Français “croient à la véracité d’au moins une forme d’occultisme”
Ce ne sont pas des voies les moins fréquentées… mais on amalgame des choses très différentes : miracles, transmission de pensée, astrologie, OVNI, réincarnation, le diable, les démons et les Djins… comme relevant d’une même problématique. (les chiffres indiqués datent de 2019)
Ainsi, on va poser un pourcentage de personnes qui “croient en” :
- Miracles 43%
- Transmission de pensée 40%
- Astrologie 32%
- OVNIS 28%
- Réincarnation 28%
- Fantômes 24%
- Le diable 24%
- Les démons et les Djins 21%
Ces pourcentages de “gens qui croient en” vont en augmentant dans le temps. Et cette augmentation est un constat qui inquiète du point de vue des médias, des autorités…
Autrement dit : une majorité de français ont des croyances ou des centres d’intérêts qui ne sont pas strictement rationnels et cela est inquiétant.
Notons que l’on place sur un même plan des faits potentiels comme les miracles ou des OVNI avec des croyances, la réincarnation ou le diable… Que ce soient ces faits ou ces croyances sont suspects.
Qui est réellement inquiet ? Et pourquoi est ce inquiétant ?
L’irrationnel, c’est inquiétant ?
Si on suit le ton suggéré par le traitement de ces informations, on peut donc déduire du traitement médiatique qu’il est sain de ne croire qu’en des phénomènes rationnels.
Sinon, on est superstitieux,
(Voire complot*ste ?)
On met dans le même sac
- Médiums,
- Sorciers,
- Guérisseurs,
- Coupeurs de feu,
- Magnétiseurs,
- La pratique du spiritisme,
- Etc…
L’amalgame ne permet pas de distinguer ni de discerner, l’amalgame permet de mettre à distance….
Autre procédé de mise à distance : on parle d’un « retour » de l’ésotérisme, comme s’il avait été traité puis dépassé un jour, par la société… pour autant que toute cette liste (il faut ajouter miracles, ovni, sociétés secrètes…) ait à voir avec « l’ésotérisme ».
Ce traitement de tout ce qui n’est pas rationnel de la part de nos sociétés illustre en creux ce qu’elles sont : relativistes, individualistes, matérialistes.
Et il faut rester dans ce cadre là, au risque d’être montré du doigt.
Est il sain de chercher d’avoir recours à l’irrationnel ?
Si nous cherchons des réponses, même immédiates, et que ces réponses sont stigmatisées, c’est qu’il y a une injonction à rester dans une norme très stricte : il y a des centres d’intérêts qui sont inquiétants, et d’autres qui le sont moins.
Si (mettons) 40% de nos contemporains semblent se contenter de l’écume des choses, certains (disons 59%) vont chercher à mieux connaître la personne que l’ils sont ou dans des directions « autres » (dites « occultes »), et viser autre chose que l’accumulation de biens matériels ou d’objectifs factices et changeants. Et peu importe si les médias vous font les gros yeux !
Cette visée peut prendre bien des formes et mobiliser plusieurs registres : émotionnels, physiques, intellectuels, inconscients, créatifs, spirituels. Du reste, le catalogue des offres est considérable !
Oui, il est naturel de s’interroger. De douter, de poser des hypothèses, d’expérimenter…
Alors bien sûr, tout cela est encouragé lorsqu’il s’agit de consommer, lorsqu’il est question de choses tangibles, quantifiables.
Mais au-delà des objets de consommation, nos consciences, notre esprit, ont besoin de « réponses » : nous cherchons quelque chose de vrai, d’authentique.
Nous sommes naturellement curieux et nous sommes naturellement portés à explorer, même si on ne sait pas « pourquoi« , si on ne sait pas ce que l’on cherche, si on ignore de quoi on est curieux, précisément.
Nos esprits cherchent comme ils peuvent, avec les moyens qu’on leur laisse, quelque chose de différent, d’alternatif aux biens de consommation ou des horizons de bien être par la quantité qu’on leur propose.
Les chemins les moins fréquentés, un marché
Que ce soit par rapport aux bobos de la vie ou aux angoisses existentielles, pour trouver l’amour, la vérité, ou l’abondance de biens, les propositions ayant à voir avec l’immatériel sont légions.
Que ce soit philosophique, spirituel, médical et même concernant le rapport au monde, aux sciences, la réalité en tant que telle, le foisonnement des “réponses”, d’explications, est incroyable.
De là des mouvements, des écoles, des initiatives et donc des offres qui remplissent cette “réserve naturelle”. Et ces offres multiples se trouvent dans des domaines aussi variés que la psychologie, la spiritualité, les thérapies, la vie de l’entreprise, la politique ou l’économie, quand ce n’est pas explicitement une forme d’ésotérisme ou de concepts manifestement irrationnels. La personne a besoin d’une forme de rupture, de toutes façons… ou d’un peu d’oxygène : son âme en a besoin !
Ce qui est proposé peut être extrêmement différent, puisque procédant de mélanges, amalgames, se référant à des systèmes, parfois du prêt à croire ou à penser, utilisant alternativement l’argument de la rareté, de traditions perdues, de santé, de niveaux de conscience ou d’éveil…
La palette des propositions est très large, et tout est monnayable : livres, formations, accompagnements, séances, stages, etc… L’oxygène s’achète.
Et ce marché est totalement libre ! Bien qu’il y ait des organismes de régulations, des instances professionnelles, il n’existe pas d’instance permettant d’aider à discerner parmi les offres sans cesse renouvelées, réinventées. Entre celles qui peuvent correspondre aux attentes ou besoins, ou celles qui induisent en erreur, quand ce n’est pas de la manipulation ou de la poudre de perlimpinpin.
Aucune régulation, très peu d’outils d’aide à la prévention, alors que nous avons vu que l’on touche à la conscience de chacun. Pourquoi ?
Les chemins les moins fréquentés : une réserve naturelle ?
Il n’existe aucune société sans “magie”. Comme il n’existe aucune société sans sacré.
Les religions courantes en occidents ont connu un net recul : le christianisme, qui était une culture commune de l’occident, a été discrédité, ridiculisé, et continue d’être moqué.
Les chemins “étranges” quant à eux, sont tolérés et tendent à occuper les mêmes fonctions, de guérison, de promesse de salut, de prise en compte de l’âme, des aspirations profondes tendant à faire de la vie une “mission”.
Ces chemins alternatifs occupent la fonction “sacrée” dans le cadre d’un système de société athée, individualiste, matérialiste (« matérialiste » c’est à dire ne visant finalement que des bénéfices sensuels, sensoriels).
A l’approche de ces réponses qui auront pour point commun d’être « alternatives« , la personne va rencontrer un discours valorisant, plutôt axés sur les émotions, le ressenti.
Le premier contact peut être déroutant, mais rarement repoussant. La plupart du temps, un climat positif et rempli d’émotions positives invite à la confiance et donc à l’adhésion.
Entre le sentiment d’accéder à quelque chose de rare et celui de se sentir valorisé, on peut estimer qu’en temps que « bonne personne« , on est un peu au dessus du lot, de tous ceux qui, eux, vivent dans un monde injuste, dur, inhumain, superficiel etc…
Le client, patient, adepte, peu importe comment il se reconnaît, va avoir tendance à se situer lui-même dans une « marge », dans une partie « spéciale » de la population.
Ce faisant, il contribue à faire de ces approches alternatives une « réserve naturelle« , où il fera mine d’agir de façon « normale », tout en lorgnant le monde « matérialiste » du haut de ses nouvelles certitudes.
On peut avancer sur ce cheminement en ne voyant que ce que l’on veut voir, tout en se croyant curieux.
D’où la nécessité d’une aide au discernement
D’un côté nous avons donc une société qui considère ce qui est le rapport à l’immatériel comme inquiétant
D’un autre côté, nous avons des pratiques, de théories qui se bousculent et attirent de plus en plus de personnes
Sans que finalement il ne puise y avoir d’aide au discernement, sans même que cette aide n’intervienne à quelque niveau que ce soit.
Si on engage sa personne, sa curiosité, éventuellement sa quête de sens, comment savoir si ce qui nous est présenté est “sérieux”, ou même crédible ?
Et comme ce qui nous est présenté ne sera que le prélude à un produit suivant, lui même produit d’appel pour une autre technique, une autre théorie…
Et à fréquenter ces réponses, on s’interroge :
- Ces réponses sont elles valables ?
- Est ce que ce qui est dit est « vrai » ?
- Suis-je vraiment dans une démarche saine ?
- Quand on m’assène des « vérités scientifiques », sont elles réellement valides ?
- Lorsque l’on me parle des religions avec aplomb, est ce que « les » religions concernées n’auraient pas aussi un regard sain sur ces questions ?
Au bout d’un moment, QUI peut nous aider à nous repérer ? On ne sait même plus ce que l’on cherche, à travers ce que l’on cherche ! De coach de vie en gourou, comment simplement se poser et vivre sa vie ?
Nous pouvons ainsi errer, sans pour autant « avancer »… à moins que l’on se créé un narratif sur mesure, un storytelling, qui n’arrivera à convaincre personne, sinon notre propre conscience, pendant quelques temps.
Il est clair qu’une aide au discernement, quel que soit le moment de cette déambulation au pays des choses alternatives, ésotériques, sympas etc… cette aide est toujours la bienvenue, elle est toujours nécessaire.